Révolution économique silencieuse
Les résidents engendrent désormais la première entreprise d’Aquitaine. Une récente étude de l’Insee constate un nouvel effritement de la sphère productive avec des conséquences non négligeables pour les salariés de cette «nouvelle» économie.
Sous les pavés la plage ? En tout cas, l’économie dite «résidentielle» prend désormais le pas sur l’économie productive. C’est ce que relève l’Insee dans une étude de mars 2008 constatant que, depuis quinze ans, les activités liées au commerce de détail, à la santé, à l’action sociale et à la construction ont renforcé leur poids dans l’économie régionale au détriment des activités industrielles, de commerce de gros et de transports. En clair, moins d’usines et plus de loisirs et de services à la personne. La sphère résidentielle est «devenue le premier employeur de la région», note l’Insee dans ce rapport effectué à la demande du préfet de région et du président du conseil régional. Ce basculement économique n’est pas propre à l’Aquitaine. «Il s’inscrit en plein dans le processus de déconnexion croissante entre la géographie de la valeur ajoutée produite et celle de la géographie des revenus distribués et dépensés en contrepartie», souligne Pierre Delfeaud, professeur d’économie à l’université de Bordeaux, qui n’en demeure pas moins «surpris par l’ampleur du phénomène». Le fait que l’économie d’Aquitaine soit désormais tirée par les résidents, les touristes et les retraités a un inconvénient de taille. Des rémunérations en moyenne 30 % inférieures à celles de la sphère productive, des contrats précaires et «un exode des jeunes les plus qualifiés à la recherche d’emplois plus gratifiants».Enfin, l’Insee ne manque pas de rappeler les conséquences à terme de cette évolution. S’appuyant sur l’exemple de la polémique déclenchée par le projet d’implantation du terminal méthanier du Verdon, le rapport estime que «cet antagonisme risque de marquer le développement économique des territoires aquitains dans les années à venir».