Projet du terminal méthanier : fin du débat public le 14 décembre
Dans quelques jours, le débat public sur le projet de terminal méthanier prendra fin. Mais ce n’est que la première étape d’un processus plus long.
Un taux de participation record, c’est ce que l’on pourra retenir du débat public sur le projet de terminal méthanier au Verdon. A quelques jours de la fin de la procédure, prévue le 14 décembre, les chiffres ont de quoi étourdir. Plus de 7 000 personnes ont assisté aux neuf premières réunions, plus de 2 000 questions écrites ont été envoyées à la commission particulière du débat public (CPDP), et 265 avis ou contributions ont été versés au dossier. Des chiffres sans commune mesure avec ce qui se fait dans les autres régions où l’installation de terminaux méthaniers est également à l’étude. A Antifer (Seine-Maritime), on a recensé 2 000 participants en 7 réunions et 220 questions posées. A Dunkerque (Nord), seulement 139 questions ont été posées, une contribution et quatre avis apportés…
Inutile de dire que les cinq membres de la CPDP girondine (le président Louis-Julien Sourd, Corinne Bies, Claudia Courtois, Gustave Defrance et Patrick Loulière) auront plus de travail que leurs homologues des autres régions pour faire la synthèse de trois mois de débat. Ils n’auront pourtant pas plus de délai pour effectuer cette tâche. Elle devra être terminée et livrée pour le 14 février prochain.
Viendra ensuite la décision de 4Gas, le promoteur du projet, qui aura trois mois pour se prononcer. Le 15 mai au plus tard, il devra donc indiquer s’il maintient, s’il modifie ou s’il annule l’installation du terminal au Verdon.
L’ambiance ne s’arrange pas
Si la participation a été plus importante qu’ailleurs lors du débat public sur le projet de terminal méthanier du Verdon, les réactions ont aussi été plus vives. Insultes et même bagarre ont terni un exercice qui se voulait une tribune démocratique où chacun aurait exprimé son avis. Depuis longtemps, le président de la CPDP, Louis-Julien Sourd, demande aux participants «de garder leur sang-froid et de faire preuve de respect pour toutes les opinions exprimées». Sans succès.
A suivre la réunion qui s’est déroulée à Soulac le 8 novembre, on en vient même à se dire qu’il est temps que le débat prenne fin. Ce soir-là, dans un Palais des congrès archi-comble, la démocratie participative a trouvé ses limites. D’un côté, les contre, parmi lesquels de nombreux Royannais. De l’autre, les pour, représentés par les salariés du port autonome de Bordeaux (PAB) venus en force. Au centre, les membres de la CPDP bien incapables de maintenir le calme entre deux clans que tout oppose, deux clans qui ne veulent pas discuter, qui ne veulent pas s’écouter, qui ne pouvaient de toute façon pas s’entendre tant les cris, les invectives et les huées emplissaient l’espace. De chaque côté, des discours de haine. Des Médocains crient aux Bordelais de rentrer chez eux. Jean-Yves Sanguinet, secrétaire général du syndicat CGT du personnel du PAB, leur répond qu’il «faut être étranger au canton, au département, retraité ou bien nanti pour s’offrir le luxe de combattre sans état d’âme un projet créateur d’emplois et porteur de développement…».
De ce débat sur les impacts sociaux et économiques du projet sur le territoire, on aurait dû retenir des chiffres, des données concrètes. On ressort simplement avec l’impression que tout cela ne sert à rien. Et on se félicite qu’une trentaine de gendarmes aient été déployés pour sécuriser la sortie de la réunion. Lors du débat précédent, le 22 octobre, une rixe avait éclaté entre partisans et opposants du projet…
4Gas, le «coup de grâce»
«Si, malheureusement, 4Gas veut poursuivre, cela signifiera qu’elle n’a manifestement pas entendu la voix de la population, majoritairement contre son projet […] le gouvernement, lui, saura prendre ses responsabilités.» Publiée dans Sud-Ouest, le 19 novembre, cette interview de Dominique Bussereau compromet sérieusement le projet de terminal méthanier au Verdon porté par la société néerlandaise. Cette prise de position du secrétaire d’Etat aux Transports est dans la logique de sa première intervention cet été. Avant même le lancement du débat public, il s’était déclaré défavorable à une telle implantation «incompatible avec la vocation touristique de la région» (JdP n° 84). A quelques jours de la fin de la période de concertation, Dominique Bussereau réitère son opposition au nom du Grenelle de l’environnement qui veut que «tout projet dont le coût environnemental serait trop élevé» soit refusé. Réagissant à ces propos, le président de la CCI (chambre de commerce et d’industrie) de Bordeaux, ne prend pas de gants.«Votre souci d’assurer votre réélection vous conduit à pratiquer amalgames et interférences […]. En combinant les moyens que vous offrent mandat électif et responsabilités gouvernementales, vous donnez le coup de grâce à une procédure officielle de concertation», écrit Laurent Courbu au secrétaire d’Etat et élu de Saint-Georges-de-Didonne.
Expertise photographique
Un nouveau photomontage des cuves vu depuis la limite du site envisagé au Verdon a été réalisé à la mi-octobre sous la direction de la Commission particulière du débat public. L’un de ses membres, accompagné d’un représentant d’Une pointe pour tous et de 4Gas ainsi que deux photographes dignes de foi se sont rendus sur les lieux pour une expertise quasiment balistique. Il s’agissait de refaire des prises de vue du maître d’ouvrage contestées par les opposants au projet. Avec le même type d’appareil et un objectif identique (50 mm), les photos publiées et retravaillées à l’ordinateur pour simuler les cuves ne diffèrent pas sensiblement.