Primeurs 2008 : tendance baissière ?
Après la présentation officielle des primeurs 2008, une baisse «significative» des prix devrait intervenir. A condition que la raison l’emporte…
Attendue par certains comme un véritable test en période de crise, redoutée par d’autres… pour les mêmes raisons, au point d’en avoir demandé le report, la «semaine des primeurs» fait toujours figure d’évènement dans le vignoble bordelais. Programmée du 31 mars au 2 avril, la dégustation à grande échelle du millésime 2008 devait réunir pas moins de 4 500 professionnels pour s’en tenir au seul nombre de badges délivrés par l’Union des grands crus.
Organisateur historique de cette manifestation, ce club réunissant l’élite du Bordelais n’est plus le seul aujourd’hui à présenter ses vins – 120 cette année – aux acheteurs et journalistes du monde entier dans quelques châteaux triés sur le volet. La plupart des appellations et groupements divers de producteurs ont emboîté le pas et font découvrir leur dernier millésime. Tout un chacun, pour peu qu’il ait un nom dans le milieu, y va également de sa dégustation, recevant avec faste et alignant bouteilles, verres et crachoirs…
En termes de fréquentation, surtout dans une «année Vinexpo» (21-25 juin), cette semaine des primeurs ne semblait pas être marquée par de quelconques signes de désaffection. Il est vrai que le 2008, «millésime de très bonne facture, pas loin de 2005» selon Sylvie Cazes-Régimbeau, présidente de l’UGC, bien que «très déficitaire» avec une production inférieure de 16 % à 2007 (CIVB), suscite bien des curiosités y compris dans les pays émergents. La présence de professionnels de Chine, Inde et Corée méritant à cet égard d’être soulignée.
Une fois tout ce beau monde reparti, viendra le temps des notes et critiques des pros de la dégustation... L’ego des dégustateurs patentés pourrait en prendre un coup cette année au regard des enjeux en termes de prix. Certains estiment que les paramètres de la crise et des hausses inconsidérées des années passées prendront le pas sur les critères purement qualitatifs et les commentaires de Parker ou Dupont. Les corrections pourraient être sévères : jusqu’à moins 20 % pour les vins de milieu de gamme et moins 40 % pour le haut de gamme. Quelque part, c’est la survie d’un système purement spéculatif qui est en jeu. La décote brutale observée depuis quelque temps sur les grandes bouteilles devrait inciter les propriétaires à la raison.
Comme lors des trois années précédentes, l’Union des grands crus entend prolonger l’opération de relations publiques des primeurs au-delà de la semaine réservée aux professionnels. Elle organise les 16 et 17 mai une nouvelle édition du WGA, entendez par là le week-end des grands amateurs. Au programme : circuits œnotouristiques dans les vignobles, dîners au château dans les grands crus et surtout, le samedi, une dégustation géante au Hangar 14 au cours de laquelle une centaine de vins seront présentés par leurs propriétaires
Renseignements : www.wga-ugcb.com