Nouveaux paramètres locaux
Maires poussés vers la sortie, fiefs socialistes ébranlés, progression centriste, début de la fin du système Madrelle… les municipales 2014 laisseront des traces durables.
Les municipales ont peut-être amorcé ce que l’on pourrait appeler un début de changement de paradigme dans le Médoc tout comme en Gironde. Hormis les élections législatives qui répliquent les mouvements de balancier de la présidentielle, le paysage politique de la presqu’île semblait presque immuable, mélange de baronnies locales et de socialisme municipal et départemental. Les scrutins des 23 et 30 mars 2014 ont quelque peu modifié les perspectives.
D’abord un gros tiers des mairies du littoral ont changé de locataire. Que ce soit à la faveur d’un score ric-rac (Lacanau), d’un scrutin très ouvert (Hourtin) ou d’une cuisante défaite du maire sortant (Vendays-Montalivet).
Ailleurs, l’absence d’opposition structurée (Carcans-Maubuisson et Soulac), des candidatures de témoignage et la taille des communes (Naujac, Le Verdon, Grayan-et-l’Hôpital) expliquent le maintien des équipes en place.
La politique tient parfois du billard à deux bandes. Ces élections viennent une nouvelle fois de le prouver. Tout en sanctionnant sévèrement la politique gouvernementale, les électeurs ont aussi sifflé la fin d’un système. En témoigne la chute d’élus installés dans des fiefs réputés imprenables : Serge Lamaison à Saint-Médard en Jalles, Jean-Jacques Benoît à Pessac, Nicolas Madrelle à Carbon-Blanc. Comme par un effet de ricochet, en Médoc, ont été balayés Ludovic Freygefond, secrétaire fédéral du PS, au Taillan, Jean-Claude Durracq à Castelnau, Sébastien Hournau à Pauillac.
En s’emparant de Castelnau et de Pauillac, les centristes font une poussée d’autant plus remar-quée qu’elle s’est trouvée parachevée par la victoire de Laurent Peyrondet à Lacanau. Les élus Modem et UDI ne comptent pas en rester là et pensent déjà aux prochaines élections cantonales. Des forces centristes revigorées et une entente plus que cordiale avec l’UMP d’Alain Juppé leur permettent d’espérer de futurs succès électoraux. Les pertes emblématiques évoquées ci-dessus auxquelles il faut ajouter celles d’Artigues et de Saint-Ciers sur Gironde, sans compter celle de la CUB ont plus qu’ébranlé le système incarné à l’échelon départemental par Philippe Madrelle, président du conseil général depuis 1976 (à l’exception d’un «break» de trois ans). La défaite de son fils et des élus de son propre camp qui n’obéissent plus aussi docilement qu’auparavant sont d’autres signes avant-coureurs d’une page qui est train de se tourner.