Maraîchers au grand cœur
Jacques Gardères et Jean-Pierre Michon font pousser des légumes pour venir en aide aux plus démunis.
Le jardin de proximité d’Hourtin se cache au détour d’un chemin forestier. Depuis 2009, au milieu des fougères et des pins poussent carottes, choux, poireaux et autres pommes de terre. Gracieusement mise à disposition par la commune, qui l’a défrichée et aplanie, la parcelle d’un hectare a une vocation sociale. Toute la production du potager est offerte aux Restos du cœur du Médoc. Les dépôts de Hourtin, Carcans, Lacanau ville et océan, Castelnau, Saint-Laurent, Pauillac, Lesparre, Vendays, Grayan-et-l’Hôpital et Le Verdon sont ainsi approvisionnés à longueur d’année.
Tous les matins, Jacques Gardères, le maître des lieux, vient bêcher, planter, arroser, désherber, récolter... A la retraite, il a souhaité se rendre utile en s’engageant comme bénévole aux Restos du cœur. Quand le projet de jardin de proximité a été monté, c’est vers lui qu’on s’est tourné pour en prendre la responsabilité. Sa carrière au service des espaces verts de la mairie de Pessac lui donnait toute légitimité pour le faire. Pour l’aider dans sa tâche, il peut compter sur Jean-Pierre Michon. Après 41 ans passés derrière l’étal d’une boucherie, cet autre retraité a décidé de se mettre aux légumes...
Les deux hommes font tourner le jardin presque tout seuls. «L’année dernière, nous avions cinq bénévoles qui venaient nous aider, indique Jacques Gardères. Mais c’était des bénéficiaires des Restos qui ont retrouvé un emploi. Ils reviennent nous donner un coup de main de temps en temps, mais forcément, ils sont moins disponibles.» Moins de main-d’œuvre, mais toujours plus de besoins. Jacques Gardères aimeraient trouver d’autres bras pour l’aider, car malgré l’impressionnante production du jardin (deux tonnes de pommes de terre, 1 200 salades, 1 600 pieds de tomates, 200 kilos de fèves, 150 kilos de haricots verts, 350 kilos de citrouilles...), «on est parfois juste dans les approvisionnements devant le nombre croissant de familles en difficulté».
Pour sécuriser la production, il aimerait installer une serre sur la parcelle. «Mais cela coûte excessivement cher.» Il espère que la chance et la générosité des gens lui permettront néanmoins d’en trouver une d’ici peu. Tout le matériel dont il se sert est en effet issu de dons. Le puits a été creusé gratuitement par une entreprise de forage, la motopompe a été offerte par une association de propriétaires hourtinais, la mairie a fourni le groupe électrogène, un particulier a donné son ancienne caravane qui sert à entreposer les outils et le terreau. La plupart des plants proviennent des Jardin du cœur de Blanquefort mais les dons sont également les bienvenus. Pas besoin d’engrais et de désherbant en revanche, ici tout est cultivé en bio, avec pour seul apport du fumier de cheval fourni par un centre équestre voisin. Grâce à cette générosité et aux heures passées dans le jardin par Jacques Gardères et Jean-Pierre Michon, plus de 600 familles médocaines en difficulté bénéficient de légumes frais tout au long de l’année.
Jacques Gardères 05 56 41 49 06 ou 06 28 63 04 67