Les éoliennes en question

A l’invitation de la mairie, Valorem est venu présenter son projet pour la commune.

Le 13 juin, la municipalité a organisé une réunion publique au sujet du projet d’implantation d’éoliennes dans la commune. «Lorsque nous sommes arrivés à la mairie, nous avons trouvé ce dossier bien avancé et il nous a paru important d’informer la population, indique le maire Jean-Bernard Dufourd. Nous sommes assez favorables à ce genre de projet, mais nous voulons tenir compte de l’avis des Naujacais.» Et le sujet les intéresse :malgré la transmission à la télévision au même moment du match de football opposant la France aux Pays-Bas dans le cadre de l’Euro 2008, une centaine de personnes sont venues s’informer sur les rotors.

Vincent Vignon et Gérald Brun, de la société Valorem, porteuse du projet, ont présenté les principales caractéristiques de l’installation envisagée. Un maximum de dix éoliennes de cent mètres de hauteur seraient implantées dans la forêt du Flamand à Saint-Isidore. Le site est favorable : il présente un potentiel venteux important et une densité de population faible qui permettrait d’ériger les pales à plus d’un kilomètre des premières habitations, annulant ainsi tout risque de nuisance sonore. De plus, grâce au masque naturel de la forêt, les éoliennes «ne seraient pas visibles du bourg ni de Saint-Isidore, et très peu de la plage».

Une telle installation aurait également des retombées financières pour la commune. Outre des mesures d’accompagnement pour lesquelles des négociations sont en cours, le maire estime que la taxe professionnelle pourrait atteindre «160 000 € annuels pour la communauté de communes».

Les premières mesures effectuées grâce au mât installé en novembre (JdP n° 86) sont prometteuses. Valorem entend donc poursuivre son projet. «S’il est accepté, sa mise en service pourrait avoir lieu en 2011, compte tenu des délais nécessaires à l’étude de faisabilité, à l’étude d’impact sur l’environnement, à l’obtention des autorisations administratives et à la construction elle-même», indique Vincent Vignon. Avant cela, une nouvelle réunion publique devrait avoir lieu «d’ici un an, annonce le maire. Car au final, ce seront les Naujacais qui choisiront.»

Vents contraires

Au cours de la réunion du 13 juin, si les Naujacais étaient majoritaires dans l’assistance, de nombreux représentants des mondes politique et associatif avaient également fait le déplacement. La plupart d’entre eux se sont déclarés en faveur du projet, à l’instar de Claire Le Lann, conseillère régionale, Stéphane Saubusse, candidat des Verts aux prochaines sénatoriales, Alain Hécho, membre de l’association Une pointe pour tous, ou Pierre Sauvarin, président des chasseurs naujacais.

A contrario, le conseiller général Francis Magenties et le conseiller municipal de Carcans, Jean-Francis Séguy (représentant également l’association Vive la forêt) ont dit leur opposition aux éoliennes. Quelques jours plus tard l’association Vive la forêt a d’ailleurs publié un communiqué sur le sujet. «Sans être opposée à l’éolien, notre association tient à apporter quelques précisions, écrit-elle. L’éolien industriel est sans aucun effet sur les émissions de gaz à effet de serre, puisqu’il est obligatoirement régulé par du thermique à flamme produisant des gaz à effet de serre. Il faut également savoir que la puissance installée n’est pas la puissance produite. L’éolien industriel est nuisible pour les riverains, destructeur du patrimoine naturel paysager, et du tourisme par voie de conséquence. Il ne crée aucun emploi permanent. Sa place n’est pas dans nos espaces naturels inconstructibles et le Conseil d’Etat par un arrêt récent a su le rappeler. Les zones industrielles ventées sont plus à même de recevoir ces installations. Vive la forêt saura défendre notre environnement contre toute atteinte, quelle qu’elle soit et d’où qu’elle vienne.»