Le piège des baïnes
Deux noyades, une en avril, une autre en juin, mettent une fois de plus en lumière la dangerosité de la côte médocaine et les difficultés réelles pour mieux surveiller la baignade.
Après les deux noyades de la mi-avril sur la côte médocaine (Le Porge et Lacanau), la série noire a continué en juin à Lacanau. Le dimanche 16 juin, une jeune fille de 20 ans, prise dans un courant de baïne, a trouvé la mort au large de la plage sud. Les surfeurs qui se trouvaient dans le secteur dans un premier temps, puis les sauveteurs du poste de secours de la plage centrale dans un deuxième n’ont rien pu faire pour réanimer la malheureuse en état d’arrêt cardiaque. Le bilan de cette chaude journée de juin au cours de laquelle toutes les plages de la station étaient bondées aurait pu être encore plus lourd. En fin de journée, une autre jeune fille, âgée de 17 ans, s’est également retrouvée prise au piège du courant de baïne, cette fois au niveau de la plage centrale. La présence des sauveteurs et leur réaction a permis d’éviter le pire. La baigneuse qui avait de l’eau dans les poumons a été évacuée vers la clinique d’Arès.
Si les drames du mois d’avril ont eu pour conséquence d’accélérer le déploiement opérationnel des secours aériens (voir page 6), la noyade du mois de juin a eu pour effet de raviver la polémique sur l’organisation de la surveillance des plages et le sous-effectif mis à disposition face à une affluence prévisible sur les plages. Le malheur a voulu que la plage sud où se sont déroulés les faits ne soit pas surveillée contrairement aux plages centrale et nord où les postes des secours ont ouvert précisément durant ce week-end. Les sauveteurs ont été prévenus par un ami de la jeune victime qui est venu en courant depuis la plage sud. S’il est vrai que les différentes dates et heures d’ouverture des postes de secours ne facilitent pas la lisibilité du dispositif et que le facteur météo joue un rôle décisif, les communes n’en sont pas moins confrontées à une véritable quadrature du cercle et à une baisse des moyens de l’Etat sur son domaine maritime. «L’effectif des CRS a été réduit par rapport aux années antérieures. Sur Lacanau, nous sommes passés de 16 à 11», rappelle Jean-Michel David qui pointe également la pénurie de sauveteurs opérationnels ainsi que le manque de candidats MNS civils pour prendre des fonctions d’encadrement. «En avril on ne peut pas ouvrir toutes les plages avec du personnel en capacité de surveiller.» Pour l’ensemble des communes de la CdC des Lacs médocains, le montant du dispositif déployé durant la saison s’élève à 980 000 €. Un coût qui pourrait bien s’envoler face à une demande de protection de plus en plus forte, voire au déni des dangers de la mer sur la côte Atlantique.