Grand port maritime à l’amende et 4Gas à l’agonie
Le port de Bordeaux a été condamné à dédommager 4Gas pour non-renouvellement de bail. Le requérant de son côté n’est plus que l’ombre de lui-même…
Le Grand port maritime de Bordeaux a été condamné par le tribunal administratif pour avoir refusé, en 2009, sur consignes du ministère, le renouvellement de la concession au Verdon de terrains destinés à accueillir un terminal méthanier exploité par 4Gas. «Même pas mal !», peut soupirer le port après ce verdict symbolique qui se traduit par 345 000 € à verser à la société néerlandaise qui réclamait 320 millions de dédommagements. Une somme qualifiée de «farfelue» couvrant très largement le dérangement en quelque sorte (en fait l’investissement en études préliminaires) et de nature à mettre à genoux l’établissement portuaire.
Cette amende de 345 000 euros correspond au remboursement de 115 000 euros annuels versés durant trois ans par 4Gas au port pour la location des terrains. Le tribunal n’a retenu aucune charge contre l’Etat. C’est l’épilogue d’un projet industriel à 500 millions d’euros qui a suscité un débat public passionné et créé de nombreuses tensions au sein de la communauté portuaire et un climat de défiance entre le port et sa tutelle. L’affaire est également venue rappeler que les ports autonomes n’avaient d’autonome que le nom et que c’est bien l’Etat qui était le maître du jeu. La page semble d’autant plus tournée que le groupe 4Gas a été mis, en octobre 2011, en liquidation judiciaire. Le contexte d’une nécessaire diversification des approvisionnements énergétiques mis en avant en 2006 lors de la présentation a, semble-t-il, radicalement changé. La majorité des projets de terminal méthanier en Europe et en Amérique n’ont jamais vu le jour, ce qui laisse à penser que celui du Verdon, au final, aurait connu le même sort. Cela dit, le projet de terminal méthanier avait pour but de redynamiser le trafic maritime de Bordeaux. Sur ce plan-là, un projet industriel de grande ampleur fait plus que jamais défaut. Rappelons que le port a clôturé l’année 2011 avec une baisse de 4 % (8,3 Mt), se faisant doubler pour la première fois de son histoire par le port de La Rochelle ! Et ce ne sont pas les énergies renouvelables qui semblent prêtes à constituer un relais de croissance.