Vins - N°105 - Avril/Mai 2011
Du gros rouge au cru classé
Après
le négociant Barton & Guestier, c’est au tour du
château Beychevelle de passer sous contrôle de Castel.
Agé de 84 ans, le négociant bordelais complète
ses acquisitions dans le segment haut de gamme.
Jean-Louis Nogaret de la Valette, 1er duc d’Epernon ; Pierre-François Guestier, négociant bordelais et maire de Saint-Julien ; Armand Heine, cousin du poète Heinrich Heine ; Aymar Achille-Fould, député et ministre, pour ne citer qu’eux ont été parmi les propriétaires de ce cru classé de 90 hectares à Saint-Julien. La «belle et riche histoire» de «Beychevelle qui a toujours été une terre d’hommes de pouvoir»¹ semble continuer. Castel vient en effet de prendre la moitié des parts de ce château à la faveur du retrait de la GMF (Mutuelle des fonctionnaires) et de l’assureur belge Ethias.
Du coup, la compagnie japonaise de vins et spiritueux Suntory, actionnaire de Beychevelle depuis 20 ans, passe de 37 à 50 % des parts, se trouvant à parité avec la société de négoce bordelaise. Outre Beychevelle, château Beaumont en Haut-Médoc et la maison de négoce Barrière passent également sous le double contrôle de Suntory et du numéro un français du vin et de la bière.
Les emplettes du négociant bordelais ne s’arrêtent pas là. Dans le même temps, Castel a fait l’acquisition, entièrement cette fois-ci, des châteaux Tour Saint-Christophe (Saint-Emilion), Tour Musset (Montagne Saint-Emilion), Haut-Caplane (Sauternes) et du négociant en vins par correspondance Savour Club. Autant d’actifs qui appartenaient à la Maaf et dont l’achat par Castel pourrait avoir fait l’objet d’une sorte de deal préalable à l’opération Beychevelle. La mutuelle qui se distingue par sa publicité au long cours («Miss Maaf, je l’aurai, un jour, je l’aurai…») fait en effet partie de l’entité Covea, regroupant la GMF et MMA, qui se désengage actuellement du monde du vin.
Pour Pierre Castel, 84 ans, c’est l’occasion de jouer dans la cour des très grands en ajoutant un cru mythique à la quinzaine de propriétés plus «modestes» qu’il possède déjà dans le département et aux Bordeaux génériques comme Baron de Lestac ou Malesan. Qui l’eut crû ? Symbole du gros rouge et de la bouteille «six étoiles» lorsqu’il s’est établi à Bordeaux en 1949 avec ses huit frères et sœurs, Castel vend environ 587 millions de bouteilles de vin dans le monde. Il avait amorcé cette stratégie du haut de gamme en rachetant l’an dernier Barton & Guestier, maison de négoce fondée en 1725 et présente dans 130 pays, un des acteurs majeurs au niveau international de la vente de vins de prestige.
Autre atout et non des moindres pour Castel, son alter égo japonais Suntory a récemment fait l’acquisition d’ASC, un des leaders de l’importation de vins en Chine. Une voie royale pour atteindre les consommateurs chinois. L’étiquette de Beychevelle avec son bateau à tête de dragon devrait faire le reste…
¹ Bordeaux et ses vins, Editions Féret 2001
Jean-Louis Nogaret de la Valette, 1er duc d’Epernon ; Pierre-François Guestier, négociant bordelais et maire de Saint-Julien ; Armand Heine, cousin du poète Heinrich Heine ; Aymar Achille-Fould, député et ministre, pour ne citer qu’eux ont été parmi les propriétaires de ce cru classé de 90 hectares à Saint-Julien. La «belle et riche histoire» de «Beychevelle qui a toujours été une terre d’hommes de pouvoir»¹ semble continuer. Castel vient en effet de prendre la moitié des parts de ce château à la faveur du retrait de la GMF (Mutuelle des fonctionnaires) et de l’assureur belge Ethias.
Du coup, la compagnie japonaise de vins et spiritueux Suntory, actionnaire de Beychevelle depuis 20 ans, passe de 37 à 50 % des parts, se trouvant à parité avec la société de négoce bordelaise. Outre Beychevelle, château Beaumont en Haut-Médoc et la maison de négoce Barrière passent également sous le double contrôle de Suntory et du numéro un français du vin et de la bière.
Les emplettes du négociant bordelais ne s’arrêtent pas là. Dans le même temps, Castel a fait l’acquisition, entièrement cette fois-ci, des châteaux Tour Saint-Christophe (Saint-Emilion), Tour Musset (Montagne Saint-Emilion), Haut-Caplane (Sauternes) et du négociant en vins par correspondance Savour Club. Autant d’actifs qui appartenaient à la Maaf et dont l’achat par Castel pourrait avoir fait l’objet d’une sorte de deal préalable à l’opération Beychevelle. La mutuelle qui se distingue par sa publicité au long cours («Miss Maaf, je l’aurai, un jour, je l’aurai…») fait en effet partie de l’entité Covea, regroupant la GMF et MMA, qui se désengage actuellement du monde du vin.
Pour Pierre Castel, 84 ans, c’est l’occasion de jouer dans la cour des très grands en ajoutant un cru mythique à la quinzaine de propriétés plus «modestes» qu’il possède déjà dans le département et aux Bordeaux génériques comme Baron de Lestac ou Malesan. Qui l’eut crû ? Symbole du gros rouge et de la bouteille «six étoiles» lorsqu’il s’est établi à Bordeaux en 1949 avec ses huit frères et sœurs, Castel vend environ 587 millions de bouteilles de vin dans le monde. Il avait amorcé cette stratégie du haut de gamme en rachetant l’an dernier Barton & Guestier, maison de négoce fondée en 1725 et présente dans 130 pays, un des acteurs majeurs au niveau international de la vente de vins de prestige.
Autre atout et non des moindres pour Castel, son alter égo japonais Suntory a récemment fait l’acquisition d’ASC, un des leaders de l’importation de vins en Chine. Une voie royale pour atteindre les consommateurs chinois. L’étiquette de Beychevelle avec son bateau à tête de dragon devrait faire le reste…
¹ Bordeaux et ses vins, Editions Féret 2001
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Courrier des lecteurs
De M. Maurice Galtier, propriétaire à Grayan-et-l’Hôpital