Lacanau - N°110 - Février/Mars 2012

Des rochers pour le front de mer

 

Les abords du poste de secours central vont devoir être sérieusement renforcés. Des fissures ont été observées au niveau du belvédère qui le surplombe. C’est le travail de sape de l’érosion marine qui est en cause.

Mieux vaut «prévenir» que guérir. En matière de lutte contre l’érosion marine, même si le combat est pour le moins inégal, cela reste encore une stratégie qui permet de limiter les dégâts. C’est dans ce sens que la commune va engager cette année d’importants travaux de consolidation du front de mer au droit du poste de secours de la plage centrale. Situé dans l’axe des allées Ortal et à droite du restaurant le Kayoc, le secteur comprend un rond-point et une place prolongée par un belvédère au-dessus du bâtiment des maîtres nageurs-sauveteurs. L’endroit ressemble un peu à une sorte de jetée qui lors des grandes marées surplombe l’océan tandis que le poste de secours se retrouve les pieds dans l’eau. Ce secteur sensible aux attaques incessantes de la mer fait l’objet d’une surveillance rapprochée. Les dernières auscultations ont révélé des «microfissures» indiquant aux techniciens qu’il était temps d’agir pour éviter l’apparition de symptômes plus inquiétants et annonciateurs d’un éventuel glissement de terrain.

Le problème ne résiderait pas dans un défaut de conception de ce secteur très prisé de Lacanau-océan qui repose essentiellement sur un système de palplanches et de tirants de part et d’autre du poste des MNS. L’apparition des fissures serait plutôt due d’une part à l’usure des structures métalliques sujettes à la rouille et d’autre part à un affaiblissement de leurs soutiens. Autrement dit, là où le bât blesse, c’est au niveau des enrochements qui jouent le rôle d’arcs-boutants. La commune a donc décidé de renforcer le site. Les travaux pourraient avoir lieu avant les vacances de Pâques ou en octobre suivant le résultat des consultations. «Il n’y a pas d’urgence», précise-t-on à la mairie en insistant sur le caractère «préventif» et non pas «curatif» d’une telle opération. «La mise en œuvre est délicate, il s’agit de bien positionner les roches et de soigner l’esthétique», ajoute-t-on. Le montant de l’intervention est estimé à 200 000 €. Une somme qui devrait rester entièrement à la charge de la commune. Si Lacanau fait partie des sites tests «représentatifs du littoral» dans le cadre de la récente étude menée par le BRGM pour caractériser l’aléa de l’érosion, pour autant «le groupement d’intérêt public du littoral n’a pas les moyens». 


 

Un mètre par an d’ici 2040…

Ces travaux de consolidation sur le front de mer qui vont se traduire par l’apport de nouveaux enrochements n’ont rien d’exceptionnel. Ils s’inscrivent dans le contexte de défense contre l’érosion marine qui a commencé il y a 35 ans comme le rappelle opportunément le rapport du BRGM dans le chapitre consacré à Lacanau (voir également en page 5). Déjà à l’époque, le poste de secours et le restaurant Kayoc étaient les «bâtiments les plus menacés» au point de justifier l’édification d’une première protection de 130 mètres en bois «confortée par des blocs de pierre». Ouvrages emportés par les tempêtes de 1979, 1981 et 1982 avant d’être reconstruits et allongés. «Finalement, en 1984 l’enrochement porte le linéaire protégé à 750 mètres.» Avec la construction de deux épis, le linéaire est porté à 1 120 mètres, mais «ces ouvrages sont régulièrement déchaussés et la zone urbaine est souvent menacée». Sans atteindre certaines valeurs maximales observées sur le littoral, les vitesses de recul moyen du trait de côte au droit de Lacanau au cours des cinquante dernières années sont de 0,50 à 1,50 mètre paran. Le «scénario évolutif» retenu par les experts est celui d’une «alternance entre phases d’érosion marine […] et phases de répit». Il pourrait se traduire par une poursuite de l’érosion à raison d’un recul de l’ordre d’un mètre par an jusqu’en 2040. A ce compte-là, ce sont les immeubles et commerces du front de mer qui se retrouveraient les pieds dans l’eau tandis que les voitures stationnées sur les parkings serviraient presque de rochers artificiels pour les poissons... Qu’on se rassure, cette évolution prévisible de l’aléa érosion ne prend pas en compte les ouvrages de défense. Le BRGM aligne la position du trait de côte au droit de la station sur celle prévisible au nord et au sud. Mais cela donne une idée de la violence sourde du phénomène, pose clairement la question de la relocalisation de certains biens et activités et rapproche encore un peu plus le moment où il faudrait bien y apporter une réponse.

Le rapport cité en référence ci-dessus peut être téléchargé sur le site du GIP Littoral http://littoral.aquitaine.fr/Dossier-Erosion-du-littoral.html

 

 

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