Le château Labadie remporte la Coupe des crus bourgeois du Médoc. Un vin qui revient de loin, puisque victime de la grêle en 2011.
Comme la Coupe de France de football, celle des crus bourgeois du Médoc réserve son lot de surprises. Bien que dédiée aux vins jouant dans une même division, cette confrontation amicale permet souvent à un Petit Poucet de briller. Cela vient une nouvelle fois de se vérifier avec le vainqueur de l’édition 2014. Château Labadie, propriété de 50 hectares à Bégadan, ne fait pas partie des vins les plus médiatiques de l’Alliance des crus bourgeois. Il n’est pas non plus ressortissant d’une appellation communale (Listrac, Moulis, Saint-Estèphe…), mais «simple» Médoc. Médaillé dans les concours (Mâcon, Aquitaine…), repéré par les dégustateurs chevronnés (Hachette), coup de cœur récent du Point, ce cru bourgeois n’a pas la grosse tête : 11 euros la bouteille de 2011. A 6,80 € pour l’achat en primeur du dernier millésime, ce serait presqu’une faute de bouder son plaisir et passer ainsi à côté d’un investissement d’avenir. Pour décrocher la timbale, le cru exploité par Jérôme Bibey a dû se frayer un chemin parmi 183 prétendants. Comme dans une compétition sportive, la sélection se fait par éliminations successives par un jury d’une trentaine de personnes : sommeliers, journalistes, cavistes et acheteurs essentiellement. Les dégustateurs répartis par tables de trois (pour éviter l’égalité du deux contre deux) écartent environ la moitié des vins de la douzaine de vins qui leur sont présentés. Les qualifiés sont ensuite goûtés par un autre groupe qui à son tour retient les meilleurs. Et ainsi de suite jusqu’à désigner 12 finalistes (voir ci-dessous). Commencées dans la matinée, les épreuves se sont achevées à 15h. Elle se sont déroulées aux Caves Lavinia à Paris sous la présidence d’Alain Dutournier. Celui qui officie au Carré des Feuillants a été séduit par les vins en compétition quitte à revoir ses jugements. «Par ces temps de bordeaux trop chers, il a raccroché avec les crus bourgeois», souligne Jacques Dupont, journaliste au Point et cheville ouvrière de la renaissance de la coupe avec Frédéric de Luze, président de l’Alliance. Pour le grand chef landais «bien des châteaux à forte notoriété et vendus beaucoup plus chers feraient bien de s’inspirer de la pureté de ces crus bourgeois».
Le choix du vainqueur n’est pas allé de soi avec trois vins en short list sur les douze retenus pour la finale. Les jurés ont dû goûter plusieurs fois avant de désigner celui qui «était un poil au dessus des autres par sa fraîcheur et son élégance». Pour Jérôme Bibey, c’est une consécration inattendue. «En 2011, nous avons essuyé un orage de grêle. Les rendements ont été faibles. Il a fallu travailler dur», explique-t-il. Et de décrire le vin du millésime en ces termes : «Chaleureux avec des notes vanillées et de fruits mûrs, c’est un vin de moyenne garde.»
Les douze lauréats de la coupe 2014 (millésime 2011)
Vainqueur : Château Labadie (Médoc)
Château Castéra, château Fontis, château Tour Séran (Médoc)
Château Belle-Vue, château Maucamps, château Moulin de Blanchon, château Peyrat-Fourthon (Haut-Médoc)
Château Cap Léon Veyrin (Listrac)
Château Mongravey (Margaux)
Château le Crock, château Lilian Ladouys (Saint-Estèphe)