Le Verdon-sur-Mer - N°120 - Octobre/Novembre 2013

Un multicoque taillé pour la victoire

Arkema Région Aquitaine dépasse les attentes de son skipper, Lalou Roucayrol. A tel point qu’il ambitionne d’aller chercher un podium lors de la prochaine Transat Jacques Vabre...

Depuis sa mise à l’eau le 23 mars dernier, le nouveau bateau de Lalou Roucayrol a parcouru quelque 9 000 milles. Quand on sait qu’un plaisancier moyen réalise entre 400 et 600 milles par an, on mesure l’expérience que le skipper a acquise sur Arkema Région Aquitaine en à peine quelques mois. Et le verdict est sans appel : «C’est un bateau exceptionnel !»

La solidité est le premier atout de ce multicoque de 50 pieds entièrement construit dans le Médoc (JdP n° 111 et 116). «9 000 milles sans avoir à sortir la colle et la strat, c’est la première fois que je vois ça en vingt ans de métier. On ne l’a pas ménagé et nous n’avons pas une seule crique [NDLR : fissure] à déplorer. Il a été long à construire, mais aujourd’hui nous n’avons plus de doute structurel.»

En plus d’être solide, le bateau est également très performant. Il a prouvé sa valeur dès les premières courses sur lesquelles il a été engagé. «On n’est pas plus rapide, mais on ne l’est pas moins que nos concurrents, avec un bateau qui n’est pas encore au point.» Bien qu’équipé de vieilles voiles, le multicoque n’a réalisé que des podiums en ce début de saison. Il s’est classé deuxième lors du Trophée Petit Navire à Douarnenez et troisième à l’Armen Race, à Saint-Quay-Portrieux et à Fécamp (ex-æquo). «Ces dernières courses se courent à cinq. Or le plan de pont d’Arkema Région Aquitaine est pensé pour un équipage réduit. Le bateau est plus typé pour le large que pour les trophées. Nous avons donc été moins performants. Et ce qui nous a beaucoup manqué, ce sont des voiles neuves.» Cela n’a cependant pas empêché le multicoque de remporter en juin la Route des Princes, un tour d’Europe en quatre étapes sur 3 045 milles.

Alors que la première année devait être une année d’essais et de mises au point, Lalou Roucayrol se rend compte qu’il a entre les mains «une bête de course». A tel point qu’il estime pouvoir aller chercher un podium lors de la transat Jacques Vabre dont le départ sera donné le 3 novembre prochain. Pour préparer ce nouveau défi, le bateau a été ramené à terre, aux Chantiers navals de l’Estuaire du Verdon, pendant une dizaine de jours, à la fin du mois de septembre. «C’est un chantier de grosse révision... et de décoration !» Arkema, partenaire principal du multicoque qui n’avait jusqu’alors jamais investi dans le monde de la voile, ne s’attendait pas aux retombées médiatiques déclenchées par la victoire lors de la Route des Princes. Le premier groupe chimiste de France a donc décidé de dynamiser son image auprès du grand public en remplaçant l’ancien logo un peu austère par des bulles rouges plus percutantes. Les nouvelles voiles, elles, devraient être installées à la mi-octobre.


Arkema, un partenariat naturel

Quelques semaines avant sa mise à l’eau, le multicoque de Lalou Roucayrol n’avait toujours pas trouvé son principal sponsor. La dotation du Conseil régional ne suffisait pas à boucler le budget de construction et de fonctionnement du bateau. Mais au dernier moment, Arkema (ex Total Chimie), s’est engagé aux côtés du skipper. Le premier groupe chimiste français s’est rendu aux arguments du navigateur qui voyait dans cette association un partenariat naturel. «La plupart des éléments collés du bateau ont été produits par des filiales d’Arkema, souligne-t-il. Pour toutes les surfaces vitrées, nous avons notamment utilisé du PMMA (polyméthacrylate de méthyle), dont Arkema, via sa filiale Altuglas, est le principal fabricant. Cet hiver, nous avons également le projet de changer la bôme (NDLR : barre rigide qui permet d’orienter la grand-voile) qui est un peu trop souple, et d’en construire une nouvelle en PMMA avec des résines fabriquées par Arkema. Au final, le multicoque devient un bateau bêta-testeur des produits du groupe !» Lalou Roucayrol avoue également être fier de porter les couleurs «d’un groupe industriel français qui commence à peser très lourd» dans son domaine.


La transat Jacques Vabre dans le viseur

En mettant son bateau à l’eau en mars dernier, Lalou Roucayrol savait qu’il allait l’aligner au départ de la transat Jacques Vabre mais ne s’était fixé aucun objectif concernant son classement. Au vu des premiers résultats du multicoque, il a changé d’avis et ambitionne de décrocher un podium pour les 20 ans de la course qui ralliera Le Havre à Itajai au Brésil sur 6 300 milles. Ce nouvel objectif impose un changement de stratégie. «A l’origine, je devais courir avec mon apprenti, Quentin Vlamynck. Mais nous ne disposons que de très peu de temps pour nous préparer spécifiquement au double, et il serait dommage de rater un podium pour ça. J’ai donc décidé de participer à la transat avec Mayeul Riffet, avec lequel nous avons une grosse expérience commune puisque nous avons déjà couru ensemble sur Banque Populaire.» Lalou Roucayrol n’en oublie pas pour autant son apprenti skipper qu’il coachera pour participer à une mini-transat, sur un bateau de 6,50 mètres en 2015.

A noter qu’Arkema Région Aquitaine sera officiellement baptisé au Havre le 2 novembre, la veille du départ de la transat Jacques Vabre, et aura deux parrains : l’un, dont le nom n’a pas encore été révélé, choisi par Arkema, et le second choisi par Lalou Roucayrol. Il s’agit de l’athlète handisport double médaillé olympique Joël Jeannot.

 

 

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