Loisirs - N°121 - Décembre/Janvier 2013

Sorties

Un punk chez les bourgeois

Plutôt renversante l’installation Claude Lévêque à l’Institut culturel Bernard Magrez. Renversante à l’image de cette Traction avant Citroën mise cul par-dessus tête dans le parc du centre d’art créé en plein Bordeaux par le multipropriétaire de crus (une quarantaine…) de par le monde. Avec «Here I rest/Mon repos au château», ce plasticien issu du punk et des cultures alternatives investit un lieu plus BCBG que les friches industrielles dans lesquelles il présente généralement ses œuvres. Outre la Traction retournée, sont présentés une Mobylette avec l’inscription «Chagrin» et un abri en capots de voiture. On le voit, cet artiste né à Nevers il y a 60 ans élabore son travail à partir d’objets du quotidien et aime rien tant qu’à déranger le visiteur. En 2009 à la Biennale de Venise, il était le seul représentant français. Cette exposition est aussi l’occasion de découvrir un endroit singulier voulu par un homme d’affaires qui, depuis peu, s’est découvert une vocation de mécène. C’est assez rare pour être signalé.

Jusqu’au 26 janvier à l’Institut culturel Bernard Magrez, 16 rue de Tivoli à Bordeaux. Du mercredi au dimanche de 14h à 19h - Tél. 05 56 81 72 77

 

 

Le fantôme de Sigma

Mort il y a deux ans, l’inclassable Roger Lafosse, le créateur et l’âme du festival Sigma pendant trente ans, a laissé à la ville des kilos de documents sur cette aventure culturelle unique dans l’histoire de la cité. Tellement unique qu’aujourd’hui encore les tentatives d’installer un évènementiel phare sont inévitablement jugées à l’aune de Sigma. Qu’il s’agisse de Novart ou d’Evento, la comparaison joue toujours en défaveur de ces deux initiatives de l’ère Juppé. Pour retrouver un peu de la magie de ce festival qui fut le premier en France à proposer les Pink Floyd, à programmer le très dénudé Living Theater, les shows de Jerôme Savary, et de mémorables concerts de jazz (Stan Getz, Dexter Gordon, Gil Evans, Gato Barbieri…) ou de musique contemporaine (le concert couché de Pierre Henry durant toute une nuit à l’Alhambra), pour retrouver, donc, cet esprit Sigma, le CAPC a puisé dans les archives de Roger Lafosse pour en tirer une exposition hybride présentée aux Entrepôts Laîné, lieu mythique s’il en est du festival. Il s’agit à la fois d’une expo classique doublée de la possibilité de faire des recherches dans la masse de documentation mise à disposition par les archives municipales. Une forme de première, voire de «happening» qu’aurait sûrement apprécié Roger Lafosse.

Jusqu’au 2 février au CAPC 

 

 

Décolleur d’affiches

Jacques Villeglé, 87 ans, est un artiste étonnant. Lors de ses promenades en ville, il détache ou arrache les affiches ou des morceaux d’affiche pour les coller ensuite sur une toile. Une façon de recomposer, de réinterpréter le réel de façon abstraite ou par un procédé de coupé-collé sur différentes thématiques. Beaubourg lui a consacré une importante rétrospective en 2008 et aujourd’hui une galerie bordelaise accueille onze toiles du maître affichiste. Une occasion unique d’admirer ce travail très élaboré sur une idée simple.

Jusqu’au 25 janvier à la Galerie Cortex Athletico, 20 rue Ferrère à Bordeaux

Tél. 05 56 94 31 89

 

Fin et début d’année en fanfare

Plutôt gâtés amateurs de danse classique et mélomanes pour les fêtes et le début de l’année 2014. Jugez plutôt. Côté danse, à partir de la mi-décembre et jusqu’au 31, le ballet de l’Opéra de Bordeaux propose comme spectacle tout public des fêtes de fin d’année le Romeo et Juliette de Prokofiev. La musique de cette pièce est souvent reprise dans les pubs (parfum Egoïste de Chanel notamment…). Charles Jude signe la chorégraphie. En janvier, plus qu’une diva, c’est presqu’un mythe vivant qui sera sur la scène de la salle Dutilleux du nouvel auditorium pour The concert lyrique de l’année : Edita Gruberova, la soprano slovaque dans des airs de Mozrt dans lesquels elle est tout superlative. Elle sera accompagnée par l’Orchestre de chambre de Munich. Autre évènement, cette fois-ci avec Porgy and Bess qui fait une entrée fracassante au Grand-Théâtre (photo). De mémoire, l’opéra de George Gershwin n’a jamais été programmé en ces lieux, sans doute à cause de sa réputation d’œuvre hybride et de tubes comme Summertime qui font de l’ombre à des duos ou des chœurs bouleversants. Porgy pourtant est une réussite de bout en bout dans laquelle se sont illustrés les plus grands, de Leontyne Price à Willard White en passant par l’inénarrable Cab Calloway (Sportin’Life). Là, c’est la troupe de l’Opéra de Cape Town qui investit la scène bordelaise. Aucune hésitation, l’Afrique du Sud étant un immense réservoir de voix naturelles qui étonneront plus d’un lyricomane blasé.

Du 16 au 24 janvier au Grand-Théâtre de Bordeaux - Tél. 05 56 00 85 95

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